Henri Manuel Manassé

Journal de Frédéric Ditis (Ditisheim)

Dès le début de la guerre de 1914, les allemands s'emparent d'Epinal. Hélène Manuel, ses enfants et sa mère se sont réfugiés à Paris et occupent des appartements à l'hôtel Majestic. Henri Manuel est mobilisé, il se bat et aparemment se bat très bien. Au lendemain de la guerre, il prend la direction de l'usine d'Epinal qui est devenue "Kahn, Lang et Manuel".

Mais bientôt il rachetera leurs parts aux Kahn et à ses cousins Lang et restera seul maître de l'affaire... Mais comme la vie de Paris lui plaît plus que celle d'Epinal, ils s'installent très somptueusement à Paris dans un très vaste appartement avenue Malakoff, et il se met à mener une vie extrêmement brillante. C'est un joueur forcené et avec son ami André Citroën, le patron des automobile Citroën, ils se rendent très fréquemment à Deauville où ils se livrent à des parties de baccarat effrénées, perdant jusqu'à un million de l'époque en une seule nuit ?  Il a des maîtresses à qui il offre des château. Hélène Manuel, elle, a gardé des goûts très simples, C'était une femme charmante, une femme de goût qui avait un goût très sûr pour la décoration, pour ses robes, et sans doute souffrait-elle de la vie dissipée de son mari. Il faut dire aussi que non seulement Henri Manuel était un joueur mais que de surcroît il était absolument fastueux. Il avait offert à une actrice le théâtre de la Potinière et à madame Schreiber-Crémieux un château dans l'Hérault. Madame Schreiber-Crémieux est devenue ensuite sénateur et elle est je crois la tante ou la mère de Jean-Jacques Servan-Schreiber.

...En 1931, les Manuel sont complètement ruinés.Henri Manuel ne s'est jamais occupé de son usine qui est vétuste. Il a non seulement le goût du jeu mais celui de la spéculation. et ses spéculations tournent mal aussitôt que se produit le crach de Wall Street et se trouvera obligé de vendre ses usines à son meilleur ami, Monsieur Boussac qui les rachète pour peu de choses. Les Manuel sont ruinés (en 1932) et les enfants brusquement obligés de se chercher des situations J'ai moi même connu l'appartement qu'ils occupaient à Paris en 1932: Ils étaient alors ruinés mais conservaient leurs meubles et leurs tableaux et, dans mon souvenir, c'était tout à fait admirable. La qualité des meubles, des tapis, des tableaux, des bibelots était remarquable. Je me rappelle le grand portrait d'Hélène par van Dongen. Il ne reste de tout cela presque plus rien parce que les allemands ont tout volé pendant la guerre. On trouve encore chez André Manuel un très beau bureau Louis XV, un tableau de Marquet , un tableau de Renoir.... Carole Achache (la plage de Trouville), il mène grand train avec André Citroën, Marcel Boussac et Paul Lederlin, entre tables de jeux, bordels, à Trouville, Biarritz et Paris

JCL