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Peggy Espinasse (Roche)

Birthdate:
Death: 1991 (61-62)
Immediate Family:

Wife of Jacques Curtis
Ex-wife of Claude Brasseur
Partner of Françoise Sagan

Managed by: Pierre Quenee
Last Updated:
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Immediate Family

About Peggy Espinasse (Français)

Peggy Roche, mythique styliste mode de ELLE, fut aussi la maîtresse discrète de Françoise Sagan pendant vingt ans. Retour sur ce destin et cet amour hors du commun. Ils sont peu aujourd'hui à se souvenir de Peggy Roche, une poignée de rescapés des folles nuits des sixties, des historiens de la mode et de ses gloires fanées, des fans de Françoise Sagan. Jusqu'à présent, son empreinte se résumait à quelques pages dans les biographies consacrées à la romancière, où elle apparaissait comme une compagne aux contours flous. Enfin, en 2012, Denis Westhoff, le fils unique de l'auteure de « Bonjour tristesse », lui consacrait un beau chapitre dans « Sagan et Fils » : « Entre ces deux femmes, ce fut un mélange de passion, de tendresse, d'admiration réciproques, de reconnaissance mutuelle, d'amitié et de connivence comme ma mère n'en connut jamais, dans mon souvenir, ni avant ni après elle. » Mais Roche, sans Sagan, n'existait pas, comme si la discrétion qui auréola leur amour devait durer éternellement.

Et voilà que Marie-Éve Lacasse, une Québécoise devenue parisienne, lui rend grâce et vie dans un passionnant roman biographique, « Peggy dans les phares » (éd. Flammarion). « Je trouvais étrange, confie Marie-Éve Lacasse, que Peggy Roche soit réduite à n'être qu'un personnage fantomatique ; qu'on lui accorde moins d'importance qu'à Guy Schoeller, avec qui Françoise Sagan est restée mariée peu de temps, alors que l'histoire d'amour entre les deux femmes a tout de même duré vingt ans ! Il m'a semblé qu'il y avait là un creuset fictionnel intéressant : comment fait-on pour aimer quelqu'un d'aussi célèbre ? Comment fait-on pour supporter de rester dans l'ombre ? » Jaillie enfin de l'obscurité de l'oubli, Peggy révèle son talent et son style, ses passions et ses ambiguïtés. Elle est née en 1929, a vraisemblablement habité la villa Montmorency, dans le 16 e arrondissement de Paris. Elle était fille unique, n'a pas eu d'enfants, sa biographe n'a retrouvé aucun membre de sa famille. Son père est aux abonnés absents, sa mère est plus passionnée par ses amours que par sa fille, son enfance triste et en demi-teinte ressemble à celle d'un personnage de Modiano. Elle entre dans la lumière en même temps que dans la mode en devenant mannequin pour Jacques Heim, Givenchy, Guy Laroche. Belle, elle l'est naturellement, grande, mince, brune, mais elle a un truc en plus. Elle se coupe les cheveux au carré, s'affame, s'invente une allure, mélange de chic parisien, de masculin-féminin et d'une élégance hollywoodienne glanée dans les films de Greta Garbo. Un style ainsi résumé par Sagan dans un article pour « Femme », en 1986 : « Si elle se soucie peu de la mode, Peggy Roche, en revanche, fait plus que se soucier de l'élégance : elle en est obsédée. C'est sans doute la seule personne qui, au cinéma, lorsque l'héroïne doit être sauvagement poignardée, remarque la forme de son turban ou la cambrure de ses chaussures. »

En 1955, Peggy Roche est repérée par Hélène Lazareff... comme Françoise Sagan ! La fondatrice et directrice du magazine ELLE a l'oeil pour reconnaître les filles qui ont une enjambée d'avance sur leur époque. Elle commande des articles à l'auteure de « Bonjour tristesse », elle fait un reportage sur Peggy. Deux détails la stupéfient : la mannequin s'habille en noir et blanc, alors que la mode explose de couleurs. Et elle a envoyé son soutien-gorge aux orties ! Elle est aussitôt engagée par Hélène Lazareff comme journaliste de mode à ELLE, où elle restera vingt ans. « J'étais une rédactrice de style très classique. Ce qui m'intéressait, c'était de faire du sportswear sophistiqué : choisir une tenue confortable et l'accessoiriser différemment selon les circonstances de la journée. »

Françoise et Peggy se sont-elles croisées à ELLE ? Marie-Éve Lacasse l'imagine, c'est probable. Et si ce n'est pas au siège du journal, rue Réaumur, c'est peut-être à Saint-Germain-des-Prés ou à Saint-Tropez, un petit port de pêche fréquenté par le Tout-Paris qui pense et qui danse. L'écrivaine et la styliste partagent le même goût pour la nuit. « Jamais couchée, déjà levée », disait Françoise de son amie. Le temps d'un été, avec la top-modèle Denise Sarrault, Peggy ouvre même un « concept store », alors que le mot n'a pas encore été inventé. Au premier étage du Café des Arts, place des Lices, les deux belles servent du pastis, vendent des vêtements et des objets bizarres dénichés sur les marchés aux puces.

La première vraie rencontre des amantes date du début des années 70. Chacune a été mariée deux fois. La romancière avec l'éditeur Guy Schoeller puis avec le mannequin américain Robert Westhoff, dont elle a eu un fils, Denis ; la journaliste de mode a épousé le photographe Jacques Curtis, un héros de la Seconde Guerre mondiale qui a rejoint le général de Gaulle après l'Appel du 18 juin et créé le service cinématographique de la France libre. Puis elle a dit oui à l'acteur Claude Brasseur ! « Nous sortions beaucoup, nous allions partout, peut-être avec une préférence pour Castel et le New Jimmy's, a confié Peggy Roche dans une de ses rares interviews en 1984. C'était un plaisir de refaire le monde avec un peu d'alcool. Bien sûr, les lendemains au journal étaient un peu difficiles... On était très optimistes et sortir la nuit représentait quelque chose de certainement plus gai qu'aujourd'hui. » Le coeur de Sagan a aussi battu la chamade pour Paola, l'Allemande Elke, qui traduisait ses oeuvres. « Il y a toujours une femme dans la vie de Sagan », a dit son grand ami Bernard Frank. Peggy aussi a aimé des dames...

Les deux femmes se rencontrent une nuit, vraisemblablement dans le bar de Gérald Nanty. Et, résume Denis Westhoff, Peggy devient « le pilier de ma mère au cours de la seconde moitié de sa vie. [...] Elle avait pris à sa charge l'ensemble des choses du quotidien - essentiellement les contraintes -, qui ennuyaient ma mère : les courses, les repas, la bonne marche de la maison, quelle paire de chaussures choisir pour aller à 'Apostrophes', comment s'habiller ce soir pour aller à ce dîner, quelle destination pour partir au soleil ? » Ainsi, la garde du coeur aménage entièrement l'appartement dans lequel elles s'installent rue du Cherche-Midi, à Paris, avant de lancer sa propre griffe. En 1984, sa collection est portée par Dominique Sanda dans ELLE. Et devinez qui signe le texte ? « Une dégaine de femme fatale et des pudeurs d'adolescente, la colère prompte mais le coeur sur la main, l'oeil distrait mais un regard de lynx, Peggy Roche promène depuis vingt-cinq ans ses contradictions dans le monde de la Mode Parisienne », dépeint Sagan qui, un peu plus loin, définit le style de son amie avec son esprit habituel : « Refus de ce bon chic-bon genre qui vous enterre vivante à 40 ans (ou vous donne l'air de les avoir quand on n'en a pas la moitié). Refus de ce mauvais chic-mauvais genre qui, au nom de l'audace, enterre tout le monde, y compris le styliste qui (tout nouveau pas tout beau) vous a rendue ridicule ou laide. » Peggy célèbre, au contraire, des vêtements « donnant aux hommes envie de vous les enlever et aux femmes celle de vous les voler ».

Dans une petite boutique de la rue du Pré-aux-Clercs, Peggy Roche vend un vestiaire basique et élégant, pantalons à pont, chandails parfaitement coupés, tailleurs en tricot, blazers de style masculin-féminin, pyjamas en satin gris. À une journaliste, la créatrice confie alors ses trois règles d'or. « 1. Des modèles indémodables, base d'une garde-robe. 2. Des prix moyens, ceux du prêt-à-porter de luxe. 3. Les couleurs : le beige et le noir, qui 'éclatent' grâce aux accessoires. » Elle ajoute : « J'aime aussi être toute nue sur une plage déserte. La liberté... » Mais si Sagan ne sort plus qu'en vêtements Peggy Roche, leur passion souffre parfois de bleus à l'âme. Beaucoup d'amis de Françoise reprochent à sa compagne d'être d'une possessivité maladive. Peut-être est-ce la réponse à la blessure que Peggy éprouvait à vivre cachée. Un de ses proches a confié à Marie-Éve Lacasse que, lorsque Sagan organisait un dîner chez elles, elle demandait parfois à Peggy de quitter la maison avant les festivités et de sonner comme si elle était une invitée. Un autre intime s'est souvenu de ce moment délicat où, lors d'une sortie à un spectacle, un photographe avait demandé à Peggy de se pousser, de sortir du cadre, ne sachant pas qui elle était. Et Françoise avait fait comme si de rien n'était. « Et pourtant, commente Marie-Éve Lacasse, Peggy a été d'une bienveillance qui va au-delà de ce que la plupart des gens sont capables de donner. Elle a été dans une inquiétude constante vis-à-vis de Françoise, qui était souvent malade, avait des accidents spectaculaires, partait en cure de désintoxication. Elle-même fumait comme un pompier et buvait énormément. Mais bon, ce n'était pas non plus une bête de travail. Ce n'est pas étonnant que sa boutique ait périclité. » Sagan, qui a mis de l'argent dedans, s'en fiche. Et, lorsque sa compagne tombe gravement malade, elle s'en occupe avec un dévouement inédit, ne vit que pour elle jusqu'à la fin en 1991. « Avec la disparition de Peggy, ce fut comme si ma mère avait été déchirée en lambeaux, que l'on eût arraché des morceaux d'elle vivante », conclut Denis Westhoff.

Depuis la mort de Françoise Sagan en septembre 2004, les deux amantes reposent côte à côte, dans le Lot, où Françoise est née. La tombe de Peggy ne porte aucun nom. Compagne de l'ombre pour l'éternité.

http://www.elle.fr/Loisirs/Livres/News/Peggy-Roche-la-discrete-mait...

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Peggy Espinasse's Timeline