Catherine Gitlé Ochenbourg

ou Auchanbourg ou bien encore Schambourg?

j'ai aussi vu O'Schambourg...

née à Grimont, qui est l'ancien nom de St Julien les Metz.

GEDCOM Note

Sources : P-A. Meyer; Bertrand Strauss. Pour ce dernier, elle est Auschembourg. Pascal Faustini "La Communauté juive de Metz et ses familles (1565—1665)", (Thionville; 2002).

1) Récapitulatif: comment la connaissons-nous ?
On la connaît par le contrat de mariage de son fils cadet Mardoché Halphen (du 27 décembre 1702): Mardoché Halfen est dit fils de Godechaux Halfen et de Catherine Ochambourg. Ces derniers ne signent pas le contrat, mais le marié est assisté de son frère Lion Halfen le jeune, dont la signature hébraïque permet de l'identifier avec Lion Goudchaux par rapprochement avec ses différentes signatures sur des contrats ultérieurs: en hébreu, il signe toujours Juda b. Eliakim Halphen de Metz (cf. le contrat de sa fille Marie [Merl%C3%A9] avec Jacob Morhange du 7 août 1713, ou le contrat de son fils Cerf avec Rachel Terquem, du 27 janvier 1735, fig. 1 ).

2) Catherine (Kenendlen) Ochambourg, fille de Baruch Ceci, nous le savons grâce à une obligation du 11 mai 1693 en faveur de Godchod Halphen juif de Metz accept[able ? ] par Anne de Chambourg sa femme . Cette obligation est signée en hébreu par ladite Anne de Chambourg. Or elle signe: Kenendl[en ?] bat Baruch sl [= fille de Baruch de mémoire bénie] (fig. 2). D'abord il est clair que ce couple est bien celui des parents de Lion Goudchaux. Il y a alors en effet à Metz deux Goudchaux Halphen (cf. le dénombrement de 1698 où figurent Godeschaux Halfen, sa mère, sa femme, 4 enfants et Godschaux Halfen l'aîné.)Notre Goudchaux Halphen est Godschaux Halfen l'aîné car ses enfants sont alors mariés, ce qui peut situer sa naissance vers 1640/1650 (il est mort en 1714) alors que l'autre Goudchaux Halphen (qui meurt en 1741) a encore ses enfants au foyer. D'ailleurs nous savons que l'autre Goudchaux Halphen était marié à Dinné ou Anne Halphen (cf. le contrat de sa fille Rébecca avec Marchand Lazard Cahen, du 25 novembre 1716). On remarque que la femme de Goudchaux Halphen figure dans le document de 1693 sous le prénom de "Anne" alors que, par le contrat de Mardoché, nous la connaissions comme "Catherine". Il ne faut pas s'en étonner. Ces deux prénoms ne sont que des équivalences différentes, adoptées par les notaires messins, pour le prénom yiddish Kenendlen (ou Genendlen). Les exemples de ces équivalences fantaisistes et fluctuantes abondent dans les actes notariés ou dans l'état civil des Juifs de Metz: "Kenendlen" ou "Genendlen" est traduit tantôt par "Anne", tantôt par "Nanon", tantôt par "Catherine", prénom plus souvent réservé comme traduction de "Kendel" (qui peut être confondu, à l'oreille, avec Kenendel) ou de "Gitlé", qui donne aussi "Catiche" ou "Guitlé" etc. La rareté du nom de famille "de Chambourg" (obligation de 1693) ou "Ochambourg" (contrat de Mardochée Halphen) nous persuade que Anne de Chambourg et Catherine Ochambourg sont bien la même personne. Elle est donc, d'après sa signature, fille d'un certain Baruch: rien d'étonnant à ce que deux de ses fils, Lion et Mardoché, aient donné chacun à l'un de leurs propres fils le prénom de Benedic, équivalent de Baruch: le fils de Lion Goudchaux, Benedic Goudchaux, qui épousa la petite-fille du grand rabbin de Metz Jacob Reicher, est d'ailleurs appelé Baruch Bendit dans sa notice du Memorbuch traduit par J.-C. Bouvat-Martin.

3) Baruch Bendit Ochambourg et son ascendance Qui est alors ce Baruch de Chambourg ou Ochambourg, grand-père maternel de Lion Goudchaux, mort avant le 11 mai 1693 ? On pense pouvoir l'identifier avec un des chefs de famille du rôle de circa 1665 qui est Benedic Auchenbourg - d'autant que le nom peu fréquent de "Benedic" se retrouve, comme on vient de le voir, chez deux de ses arrière-petits-fils. On a trouvé également ce même personnage dans un acte de vente du 23 février 1663 où il est appelé Benedict d'Ausbourg (il habitait déjà Metz). Juif de Metz, y habitant vers 1663-1665 et mort avant le 11 mai 1693, Benedic Auchenbourg doit bien figurer dans le Memorbuch: un seul personnage correspond , celui de la notice 459: Bendit Baruch, fils du Haver Yehiel Moïse ... qui sauva les Juifs de Worms des pillards et dont la femme et les enfants firent un don à la charité, mort le 24 août 1689. Relevons la similitude du double nom "Bendit Baruch" avec la notice de son arrière-petit-fils Benedic Goudchaux. Le Benedic Auchenbourg du rôle de circa 1665 apparaît d'ailleurs de façon encore plus nette dans le Memorbuch à travers la notice de sa fille Miryam Tamar, dite fille de Bendit d'Aussenbourg, morte le 5 juin 1713, et dont le mari fit un don à la charité (notice 724). Par ailleurs, d'après des notes prises par J. Fleury lors de ses dépouillements dans les archives notariales et transmises à nous par l'intermédiaire de Ph. Blachais en 1988, on sait qu'en 1697, une Marie , fille de Benedic Oschambourg (défunt) et de Alsienne (vivante) était marié à un Jacob Morhange, fils de David Morhange. Ce Jacob David Morhange, nous le retrouvons dans la table de J. Fleury: "veuf de Marie Ochambourg" depuis seulement deux mois, il se remarie (contrat du 7 août 1713) avec Marie (Merlé) fille de Lion Goudchaux ! Résumons: Baruch Benedic Auchembourg (ou Ochambourg ou d'Aussembourg ou d'Ausbourg...) a deux filles: l'une Kenendlen (alias Anne alias Catherine) épousa Goudchaux Halphen; l'autre, sans doute beaucoup plus jeune, née d'une femme prénommée Alsienne (probablement une seconde épouse de Baruch Benedic ), épousa Jacob Morhange et mourut en 1713. Jacob Morhange se remaria avec la petite-nièce de sa première femme ! Goudchaux Halphen et Kenendlen Ochambourg ont dû se marier vers la fin des années 1660 ou au début des années 1670, ayant des fils déjà mariés et pères de famille en 1698. Kenendlen a donc pu naître dans les années 1640, ce qui permet de situer approximativement la date de naissance de son père (vers 1610-1620 ?). Ce Bendit Baruch est donc, d'après sa notice du Memorbuch, fils du Haver Yehiel Moïse: or celui-ci figure aussi dans le Memorbuch (notice 373): Le Haver Yehiel Moïse fils de Joseph Baruch, mort le 6 juillet 1680 (et dont les enfants firent un don à la charité). Ce Yehiel Moïse, veuf à sa mort, devait alors être fort âgé (né vers 1590-1600 ?). Le Memorbuch contient aussi la notice de sa fille Nentchen, morte le 25 juin 1668 (n° 278). Ayant un fils établi à Metz vers 1663-1665 et y étant mort lui-même, il y a des chances pour qu'il figure dans les rôles des années 1621 à circa 1665. Mais le nom biblique de "Yehiel" n'était pas utilisé dans l'usage courant, profane. Les équivalents en sont soit "Daniel" soit "Michel". Or dans le rôle de circa 1665, on trouve un Daniel Auchenbourg (même orthographe que Benedic); en remontant, on trouve, dans le rôle de 1637 : Daniel Ausbour Juif sa femme trois enfants; dans la liste (circa 1635) des maisons de la paroisse de St-Ferroy , on trouve La maison de Daniel d'Augspourg Juif où il réside. Dans les listes nominatives antérieures ce patronyme n'apparaît plus mais on trouve un Daniel en 1627 mais point en 1621. L'établissement à Metz de notre Daniel (= Yehiel Moïse ?) se situerait donc entre 1621 et 1627. On peut supposer qu'il est venu de la localité dont il porte le nom et qu'il s'est fixé par mariage avec une fille de la communauté. En ce cas, son fils Baruch Bendit serait né à Metz. Quant à Joseph Baruch, père de Yehiel Moïse, aucune trace de lui à Metz à ma connaissance sinon dans la notice de son fils. Reste à savoir, entre autres choses: Quelle localité désigne ce nom aux orthographes fluctuantes qui au début évoque Augsbourg ("Augspourg", "Ausbour") pour s'altérer en "Aussenbourg", "Auchenbourg", "de Chambourg" et finir dans un style vaguement irlandais ("Ochambourg"). On aimerait aussi plus de détails sur la protection exercée par Baruch Bendit en faveur des Juifs de Worms contre les pillards, révélée par sa notice du Memorbuch.

4) Quand Kenendelen (Anne, Catherine) mourut-elle ? En tous cas après son époux Goudchaux Halphen, puisqu'il est dit, dans sa notice du Memorbuch (n° 741, 4 mars 1714) que sa femme et ses fils (i.e. Lazare, Lion et Mardoché) firent un don à la charité pour lui . La veuve de Goudchaux Halphen devait déjà être âgée (plusieurs de ses petits-enfants sont alors mariés depuis 1712-1713) ce qui laisse supposer qu'elle a suivi assez vite son mari dans la tombe. Il y a donc toutes les chances de trouver sa notice dans le Memorbuch avec de solides éléments d'identification (au moins son prénom et celui de son père): or, à la notice n° 760 on lit: L'éminente Gnendele Rachel Léah, fille de Baruch ... décédée et inhumée le 26 octobre 1714 (soit moins de huit mois après Goudchaux Halphen). Elément probant supplémentaire, la mention: Ses fils firent un don à l'hospice montrant qu'il s'agit d'une veuve. Remarquons aussi qu'une fille de son petit-fils Lazard Goudchaux reçut le prénom de Léa.

5) Et les Schombourg de Grimont ? Je n'ai guère d'élément prouvant l'existence d'un lien familial entre la famille Auchembourg (ou autres formes) mentionnée ci-dessus et Salomon Schombourg, Juif établi à Grimont, aux portes de Metz, mentionné par l'état des Juifs de la généralité de Metz de 1702 (de l'intendant saint-Contest) comme demeurant en ce lieu depuis 40 ans. Notons cependant que ce Salomon Schombourg est lui-même parfois appelé Ochambourg ou de Chambourg Sa signature hébraïque (Seligman Ochanburg) ne permet pas de connaître le nom de son père (cf. acte du 28 décembre 1693 , fig. 3). Une simple remarque cependant: par les notes de J. Fleury, nous savons que ce Salomon Ochambourg de Grimont est mort entre 1702 et 1706, laissant une femme et des enfants (dont un fils, Moyse). Or à la notice 640 du Memorbuch (8 mars 1705), on lit: Le droit et cher Selkman, fils du Haver Yehiel ... sa femme et ses fils firent un don à la charité... Or on se souvient que Baruch Bendit Ochambourg était lui-même fils du Haver Yehiel Moïse ! Serait-ce donc la notice de Salomon (Seligman) Ochambourg, qui pourrait alors être le frère de Baruch Bendit ?

P.-A. MEYER, février 1997

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